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Books & Movies
4 mai 2014

24 Jours - Alexandre Arcady

24-JOURS

Voir pour ne jamais oublier

 

Janvier 2006. Ilan Halimi, jeune juif de 23 ans est enlevé. Pendant 24 jours, il sera séquestré et torturé par un groupe d'une vingtaine de personnes. Le gang des barbares. Sa famille recevra des cetaines d'appels réclamant des rançons exorbitantes. La police tentera d'interpeller les coupables, mais l'enquête sera lente et laborieuse. Ilan sera retrouvé mort dans les bois, le corps à moitié calciné. Alexandre Arcady a choisi, grâce au cinéma, de raconter. Il a utilisé de témoignage de la mère, Ruth, et en a fait un film.

 

Voir ce film, c'est appréhender, avoir la boule au ventre, craindre de se confronter à une réalité atroce, de se prendre l'horreur absolue en pleine face. Et pourtant... Pourtant, il faut voir ce film. Voir pour ne pas oublier. Pour ne pas oublier que la haine de l'autre existe même dans notre République. Pour ne pas oublier qu'un homme est mort dans d'atroces souffrances uniquement parce qu'il était juif.

Arcady réalise une oeuvre poignante toute en sobriété. Mise en scène stricte, presque austère, photographie blafarde et bande-son minimaliste; tels sont les ingrédients de 24 Jours. Les faits sont relatés d'une façon précise, quasi chirurgicale. Toutefois, le film ne sombre jamais dans l'horreur gratuite, les scènes de tortures ne sont pas montrées. Signe de respect. La place est laissée à l'évocation de la douleur atroce de la famille, de l'abomination qu'est la perte d'un enfant. Toujours avec une certaine pudeur, le spectateur est invité à assister aux soirées d'attente interminables, aux interrogatoires à répétition dans le commissariat. Et, plus que tout, le spectateur voit. Il voit la souffrance d'une mère, les angoisses d'un père qui endosse la responsabilité de négocier avec les ravisseurs. Il voit la police, impuissante face à un crime incompréhensible. Enfin il voit le dénouement, tragique, inéluctable.

A la sortie de la salle, il est impossible de sourire. Celui qui a vu est assommé. Maintenant il peut essayer de comprendre. Comprendre pourquoi une telle haine peut encore exister au XXIe siècle. Et ensuite, il peut choisir de se battre. Se battre pour que cela n'arrive plus, se battre contre le rejet de l'autre, se battre contre l'antisémitisme. Alexandre Arcady a choisi de se battre. Avec ses armes. Même si c'est un combat loin d'être gagné, il aura agi, il aura montré.

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